Au Mali, les communautés peules et dogons entretiennent des relations conflictuelles. Ainsi, les violences inter-communautaires au centre du pays, ont fait plusieurs morts et des milliers de déplacés vers le Burkina Faso. Les Peuls sont en majorité des éleveurs nomades, présents sur toute la zone sahélienne, et les Dogons sont un peuple d’agriculteurs présents au Mali mais aussi de manière sporadique au Burkina Faso et en Côte d’ivoire. Les tensions s’expliquent par les accusations des Dogons envers les Peuls qu’ils soupçonnent d’être de mèche avec les terroristes. Pour la communauté peule, ce sont en réalité les autorités de Bamako qui sont à la manœuvre.
Une situation humanitaire particulièrement difficile
Les affrontements inter-communautaires de la mi-mars ont entraîné une situation humanitaire difficile. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, près de 3 000 personnes ont fui les zones de combats et le cercle de Koro (dans la région de Mopti) vers le Burkina Faso. La région au nord du Burkina Faso, zone d’arrivée des réfugiés maliens, est confrontée à des risques sécuritaires élevés et à une profonde insécurité alimentaire. A cela, il convient d’ajouter les difficultés d’accès aux infrastructures sociales telles que les hôpitaux et les écoles. L’arrivée des déplacés suite aux violences risque d’aggraver la situation.
« Il n’y a pas de problème peul, il n’y a pas de problème dogon », Amadou Koïta
Les autorités maliennes essaient de minimiser le conflit communautaire entre les Peuls et les Dogons. Pour le gouvernement malien, ce conflit communautaire cache derrière lui l’influence des groupes terroristes. Les terroristes qui écument la région ont pour dessein la destruction des droits universels et l’insécurité généralisée. « Il n’y a pas de problème peul, il n’y a pas de problème dogon » , affirme le porte-parole du gouvernement malien, Amadou Koïta. Des mesures sont tout de même préconisées afin de contrer le discours extrémiste, renforcer la coexistence pacifique et apaiser les tensions. Les mesures, qui se présentent comme une réponse du gouvernement malien aux problèmes entre les Peuls et les Dogons sont : la création d’un cadre de dialogue entre les deux communautés, la mise en place de poursuites judiciaires et la suspension du port d’arme. C’est donc un message de fermeté envers les milices et groupes armés mais aussi d’affirmation de l’autorité de l’État que les responsables maliens affichent.
Des mesures de pacification qui ne semblent pas correspondre aux besoins réels
Si le dialogue inter-communautaire, prôné par Bamako, est une réponse à la résolution du conflit entre Peuls et Dogons, on peut se poser des questions sur la capacité du gouvernement malien à mettre en œuvre les autres mesures annoncées telles que le désarmement des milices armées et les poursuites judiciaires. Le discours de fermeté semble davantage avoir comme objectif de rallier la population en vue des élections du 29 juillet prochain. Le vrai danger pour les Peuls est d’être stigmatisés et assimilés au terrorisme.
Image : Chasseur en pays Dogon, Mali by J. Drevet. Wikicommons CC BY – SA 3.0