Depuis l’automne 2017, des groupes de jeunes islamistes radicaux attaquent régulièrement la province de Cabo Delgado. La ville de Mocimboa da Praia est particulièrement touchée par cette menace islamiste. Dans la population, la peur et la suspicion se sont installées, mais les autorités nationales minimisent les faits.
Une première attaque repoussée
La province de Cabo Delgado, à majorité musulmane, se trouve dans le nord du pays. Elle est frontalière de la Tanzanie. C’est aussi une région stratégique, car elle regorge d’hydrocarbures.
Le 5 octobre 2017, des hommes armés ont attaqué Mocimboa da Praia en nombre et ont été repoussés par l’armée. Ils prétendaient lutter contre l’État et vouloir instaurer la charia. Le mode opératoire rappelle celui de Boko Haram au Nigéria. Pour autant, rien n’indique pour l’heure qu’il existe un lien direct entre ces groupes.
Les femmes et les fonctionnaires, cibles privilégiées
D’après les habitants, les chabab (« jeunes », en arabe, sans lien avec les Chabab de Somalie) se sont retranchés dans le maquis. Ils s’en prendraient aux villages pour se nourrir. Les femmes sont enlevées et mariées de force, même enceintes. Les assaillants égorgent les hommes, sauf les jeunes qu’ils utilisent pour les tâches physiques. Face à cette menace sécuritaire majeure, la population se sent impuissante et un climat de suspicion s’est installé.
Les représentants de l’État sont aussi spécialement visés. Les morts parmi les infirmiers, enseignants ou policiers sont nombreux.
Les autorités minimisent les faits
Certes, les autorités ont repoussé l’attaque du 5 octobre. Elles ont aussi arrêté 470 personnes suspectées d’être liées aux attaques. Cependant, elles nient avoir connaissance de raids contre les populations. Le propre maire de Mocimboa da Praia déclare n’avoir jamais entendu parlé d’enlèvements. D’ailleurs, la police a arrêté de fournir le décompte des victimes.
D’après les médias d’État, il y aurait eu dix attaques entre le 5 octobre et le 15 mars. Elle auraient fait au moins 44 morts. Parmi les victimes, 21 seraient des djihadistes. Les blessés se compteraient par dizaines. Si la situation est plus calme, les autorités n’ont en réalité aucune idée du nombre exact d’insurgés. Elles ont cependant invité les populations ayant fuit les attaques à regagner leurs maisons.
Image : Femmes africaines marchant sur le bord de la route, by jeanvdmeulen, Moçambique, Pixabay CCO.