Le 30 mai 1967, le colonel Ojukwu, annonçait l’établissement de la République du Biafra. Ce mouvement sécessionniste dura trois ans jusqu’en 1970 lorsque l’armée nigériane rétablit le Biafra au sein de la nation nigériane. A l’époque, la région biafraise est vue comme celle du peuple Igbo majoritaire au Biafra et formant 19% de la population du Nigéria. La guerre fit beaucoup de morts parmi les Igbos soumis notamment à un blocus. La présence de gisement de pétrole dans cette région en fit un conflit internationalisé et complexe.
50 ans plus tard, cette guerre meurtrière est un sujet tabou, elle est le symbole de la désunion face à un pays qui tente tant bien que mal de s’unir dans la diversité.
Toutefois, pour la première fois depuis la fin de la guerre a eu lieu le 25 mai dernier à Abuja, un timide événement de commémoration pour le 50ème anniversaire de la guerre du Biafra organisé par les fondations Sheu Musa Yar’adua Foundation et Ford Foundation. Le Président en intérim, Yemi Osinbanjo s’y est exprimé durant le discours d’ouverture.
C’est un premier pas dans ce qui est aujourd’hui encore un sujet classé « sensible ». L’article revient sur la méconnaissance qui entoure l’histoire relativement encore récente de la guerre du Biafra au Nigéria. Depuis 1970, le gouvernement nigérian n’a jamais engagé de dialogue ou de programme à propos des crimes commis durant la guerre. L’unité économique, politique, ethnique et/ou religieuse en crise actuellement au Nigéria ravive l’envie d’un Biafra indépendant chez les sudistes de l’est. Les revendications pro-Biafra ont notamment redoublé après l’arrestation du chef de file du mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (Ipob), Nnamdi Kanu, fin 2015.
Pas de doute, le cinquantenaire de la guerre du Biafra ravive les tensions et les tentations sécessionnistes mais il est également l’occasion de délier les langues, de raconter l’histoire de cette guerre et d’une opportunité pour l’État du Nigéria d’engager un dialogue sur ce sujet.
Image : By David Holt, CC BY 2.0