La langue russe : un instrument de soft power à haut potentiel
Durant la nuit du 24 février 2022, après des mois de tensions, et plusieurs années de conflit dans l’est ukrainien, les forces russes sont entrées sur le territoire ukrainien. Nous pouvons, pour l’heure, nous intéresser à l’une des origines de ce conflit : l’emploi de la langue russe en Ukraine. Parmi les accusations portées à l’encontre de Kiev, Moscou dénonce une « dérussification » par la promotion de la langue ukrainienne au détriment de la langue russe. Ce processus est d’autant plus critiqué que le Kremlin semble considérer que l’Ukraine fait toujours partie du « Monde russe » [1]. Le gouvernement ukrainien a répliqué : il ne fait que « corriger la russification » imposée par l’Empire tsariste et poursuivie sous le régime soviétique.
Comprendre ce conflit nécessite de mentionner la présence d’une frontière linguistique invisible. Cette dernière scinde le pays en deux. Privilégié à l’Ouest, l’ukrainien s’efface en faveur du russe à l’Est et au Sud. Or, à l’Est, se situe la région du Donbass, bastion des séparatistes pro-russes. S’y trouvent les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk dont Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance le 21 février 2022, au grand dam des puissances occidentales.
La langue peut ainsi jouer un rôle de premier ordre. En particulier, dans ce que l’on qualifie de « diplomatie culturelle ». La présentation de ce concept faite, nous nous intéresserons à la place du paramètre linguistique dans la diplomatie culturelle russe. Nous présenterons ensuite l’usage que la Russie en a fait dans deux pays : l’Ukraine et l’Ouzbékistan. Nous conclurons par l’étude des mesures que lesdits pays ont adoptées en réponse à cette politique d’influence.
La diplomatie culturelle : de quoi s’agit-il ?
Selon Marie-Pierre Busson de l’Institut d’études internationales de Montréal, la culture est au cœur des jeux d’influence post-1945. Au cours de la Guerre froide, le phénomène prend de l’ampleur. Ainsi, le politologue américain Joseph Nye développe le concept de « soft power » (pouvoir/puissance doux/douce). Par opposition au « hard power » (pouvoir dur), le « soft power » permet – à un pays, par exemple – de promouvoir ses intérêts sans brandir la menace de sanctions économiques ou de la force armée.
Grâce au pouvoir d’attraction de l’État, des États tiers l’aideront à atteindre ses objectifs. En effet, ils respectent ses valeurs, admirent sa prospérité, le prennent en exemple, etc. Le principe est donc d’obtenir un soutien volontaire plutôt que contraint. Selon Nye, cette puissance reposerait sur trois ressources dont dispose chaque pays : sa culture (et son attrait au-delà de ses frontières), ses valeurs politiques (respectées tant sur son territoire qu’à l’étranger) et sa politique étrangère (considérée comme légitime et morale).
Aujourd’hui, la puissance étatique ne se résume plus aux indicateurs économiques, politico-militaires et à la position dans les organisations internationales. Le pouvoir de séduction et la capacité d’influence culturelle sur les autres sociétés sont également à prendre en considération. C’est pourquoi nombre de pays ont doté leur arsenal diplomatique d’outils « culturels ». On parle alors généralement de diplomatie culturelle. Le spécialiste Milton C. Cummings de la Johns Hopkins University la définit comme « un échange d’idées, d’informations, de valeurs, de systèmes, de traditions, de croyances et d’autres aspects de la culture dans le but de favoriser une compréhension mutuelle ».
Cette diplomatie est considérée comme un « outil intentionnel de politique étrangère pour atteindre certains objectifs », au même titre que les interventions militaires, et « une extension de la diplomatie traditionnelle ». Elle s’appuie sur un large panel d’instruments d’action tels les médias (notamment Russia Today et Sputnik en Russie), les agences culturelles. etc. [2]. D’après l’Institute for Cultural Diplomacy [3], la diplomatie culturelle peut s’exercer à travers l’art, les sports, la littérature, la musique, les sciences, les affaires, etc. Ainsi, les États peuvent agir au travers de domaines très divers.
Les agences culturelles du pouvoir russe
La Fédération russe fait partie des États connus pour le dynamisme de leur diplomatie culturelle. Elle reconnaît pleinement son importance dans son Concept de politique étrangère de 2016. La spécialiste de l’Institut français des relations internationales, Marlène Laruelle, estime que son soft power s’appuie sur son histoire et sa culture (dont sa langue), son statut de « joker » sur la scène internationale, sa gouvernance et son idéologie politique actuelles ainsi que son héritage soviétique.
Au cours des années 2000, les promoteurs du « Monde russe » [4] souhaitaient établir « un mécanisme permettant de traduire la présence des Russes à l’étranger en influence de la Russie à l’étranger ». Le Kremlin a ainsi créé la Fondation Russkiy Mir et Rossotrudnitčestvo. Cette agence fédérale est en charge des relations avec les compatriotes à l’étranger. D’après le chercheur à l’IRSEM, Maxime Audinet, le core business de ces agences est la promotion de la langue et de la culture russes à l’étranger (plus ou moins proche) [5] via divers programmes [6]. Sous la houlette de l’État russe, chacune de ces organisations met en œuvre ces programmes via des « dispositifs extérieurs » (zagranapparat).
La Fondation Russkiy Mir
Cette fondation est forte de plus d’une centaine d’antennes à travers le monde. Elle a été créée par un décret du président Poutine le 21 juin 2007. Il s’agit officiellement d’une organisation non gouvernementale à but non lucratif. Or, Maxime Audinet relève qu’au sein des conseils d’administration et de surveillance, la plupart des membres sont des responsables publics. Un tel état de fait sème le doute quant à son statut non gouvernemental.
Russkiy Mir poursuit une double ambition. D’une part, elle vise à protéger la langue russe dans les pays où elle dispose de nombreux locuteurs. D’autre part, elle doit étendre sa pratique dans les pays qui revêtent une importance stratégique aux yeux de Moscou. Afin de remplir sa mission, la fondation consacre une partie de ses activités au développement de partenariats avec des universités étrangères. Ces collaborations doivent, in fine, lui offrir la possibilité d’installer des centres sur des campus. On en retrouve également dans des associations et des bibliothèques. Elle y propose des concours et des programmes d’échange à destination de la jeunesse comme Pokolenie Mira (« Génération du monde »).
La fondation véhicule l’idée d’un « Monde russe » composé des Russes établis en Russie et de leurs « compatriotes parlant le russe » mais résidant à l’étranger. Son site Internet spécifie que « les représentants de l’émigration et les citoyens étrangers manifestant un intérêt sincère pour la Russie » en font aussi partie. Selon l’expert du German Council on Foreign Relations (DGAP) Wilfried Jilge, Russkiy Mir accorde un intérêt tout particulier aux « enclaves russes » de son « étranger proche » parmi lesquelles le Donbass, la Crimée et la Transnistrie [7].
Rossotrudnitčestvo
Le 6 septembre 2008, un décret présidentiel donne naissance au Rossotrudničestvo. Ce dernier entretient des liens très étroits avec le ministère russe des Affaires étrangères. En effet, cette agence assiste le Ministère dans la coordination de la coopération humanitaire. Aussi, ce dernier définit le cadre d’actions dans certains programmes. Ses filiales organisent notamment des événements culturels (expositions, conférences, spectacles, etc.) ainsi que des cours de langue et de musique.
Comptant 92 antennes (62 centres russes pour la science et la culture et 30 représentations en ambassade) dans 80 pays, elle a développé ses activités à travers le monde en trois temps. À l’ère soviétique, son dispositif d’influence se focalisait sur l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie et l’Europe centrale. Après la chute de l’URSS, ce sont l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord qui font l’objet de son attention. Depuis les années 2000, Rossotrudničestvo cible les anciennes républiques soviétiques. Par ailleurs, tout comme Russkiy Mir, cette agence fédérale a pour mission de soutenir les organisations – quels que soient leur nationalité, leurs liens avec les instances gouvernementales et leur statut confessionnel – dont les objectifs s’accordent avec ceux de la Russie.
Sur le plan institutionnel, Rossotrudničestvo est « l’héritier de la « diplomatie populaire » soviétique ». D’après Maxime Audinet, la Société panunioniste pour les relations culturelles avec l’étranger (VOKS) (1925-1958) a été la première institution à coordonner des actions de diplomatie culturelle. De 1958 à la dislocation de l’URSS, c’est l’Union des sociétés d’amitié soviétiques (SSOD) qui a pris la relève. En leur temps, toutes deux pouvaient s’appuyer sur les partis communistes et les sociétés d’amitié à l’étranger.
Par ailleurs, Maxime Audinet affirme qu’ « au-delà des activités conventionnelles de diplomatie culturelle, Rossotrudničestvo et Russkij Mir peuvent être considérés comme les instruments d’une diplomatie publique centrée sur le maintien et le redéploiement de l’influence internationale de la Russie par leurs programmes et la voix de leurs dirigeants, ils soutiennent explicitement les orientations diplomatiques, les principes géopolitiques et les valeurs mis en avant par les instances gouvernementales ».
La langue russe : une menace pour l’identité nationale des ex-républiques soviétiques ?
Comme en attestent les exemples ci-dessous, la langue est susceptible de générer des débats houleux. C’est particulièrement le cas dans les anciennes républiques soviétiques dont la langue constitue « un des marqueurs identitaires les plus importants ». Une fois leur indépendance acquise, ces États ont développé un nouvel arsenal législatif. La langue fut au cœur des processus de construction nationale et étatique.
Étant donné son influence sur les relations entre majorité et minorité(s) ethniques, la langue s’est vue attribuer une véritable fonction politique. Bien que la chute de l’URSS remonte à près de 30 ans, la question linguistique reste une affaire sensible. Nous présenterons ci-après les cas ukrainien et ouzbek à titre d’exemples.
L’ukrainien comme pilier identitaire post-soviétique
Malmenée par les régimes tsariste et soviétique, la langue ukrainienne est devenue « le principal symbole de la renaissance nationale et de l’unification » à partir des années 1980. Le lancement de la perestroïka (littéralement « reconstruction ») du secrétaire général du Parti communiste d’URSS Mikhaïl Gorbatchev n’y est pas étranger. Devenue indépendante, l’Ukraine a adopté une Constitution dont l’article 10 stipule que l’ukrainien est la langue officielle. Malgré cette disposition, le russe continue de dominer la sphère publique des grands pôles urbains du pays.
Comme mentionné plus haut, deux groupes linguistiques (et ethniques) se partagent le pays : les ukrainophones et les russophones. En 2019, on comptait 33 millions d’ukrainophones (75,5 % de la population) et 7,5 millions de russophones (17,2 %). Toutefois, selon un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev de 2017, seuls 56 % des Ukrainiens utiliseraient l’ukrainien dans la sphère privée pour 23 % le russe. 21 % disent pratiquer les deux langues.
Les Ukrainiens ukrainophones résident davantage à l’ouest du territoire. Les Ukrainiens russophones et les Russes ethniques sont majoritaires au sud-est (en particulier, dans le Donbass). D’après la spécialiste de la linguistique Alexia Kis-Marck, une telle distribution serait le résultat de l’histoire troublée de l’Ukraine. Les purges staliniennes visant les ukrainophones du sud-est en seraient partiellement responsables.
L’origine de ces tensions est à chercher du côté des stéréotypes hérités du passé. Nombre d’Ukrainiens perçoivent les Russes d’Ukraine comme une cinquième colonne loyale à Moscou et non à Kiev. De leur côté, les représentants les plus âgés de la minorité russophone ne voient pas l’intérêt d’apprendre « le langage primitif des villageois et des fascistes de Bandera de l’UPA [8] ». Il est aussi intéressant de noter que depuis les années 2000, la Russie mène une guerre hybride [9] consistant à exacerber les rivalités. En Ukraine, elle a ainsi encouragé les Ukrainiens russophones à se considérer comme une minorité opprimée.
Ce discours a atteint son paroxysme lors de la crise criméenne de 2014. En effet, la Russie s’est notamment appuyée sur l’argument de la défense des populations russes et russophones menacées de répression pour intervenir sur la presqu’île. Elle avait fait de même en 2008 lors de son invasion de la Géorgie. En réponse, les autorités ukrainiennes ont développé plusieurs projets de loi pour « ukrainiser » la vie publique. Cette volonté s’est traduite dans une loi votée en 2019 sous la présidence de Petro Porochenko. Parmi les mesures prévues, on y trouve l’emploi obligatoire de l’ukrainien dans le secteur des services, l’élargissement des quotas relatifs à l’utilisation de l’ukrainien dans les médias audiovisuels et la création d’une « patrouille linguistique ». En cas d’infraction, elle est autorisée à dresser une amende allant de 151 à 202 euros aux contrevenants.
Au regard du contexte volatile, d’aucuns recommandent d’appliquer une politique temporaire de discrimination positive en faveur du russe pour réduire l’influence des groupes de pression russophones les plus radicaux.
La langue ouzbèke affaiblie face à une langue russe bien ancrée
L’Ouzbékistan fait également face à la problématique de l’influence du russe. En 1995, le président Islam Karimov a fait de l’ouzbek l’unique langue officielle de la nouvelle République d’Ouzbékistan [10]. La raison ? Détacher le pays de son héritage soviétique. Or, le bilan de ce choix est pour le moins mitigé. Selon le directeur de la University of Journalism and Mass Communications de Tachkent Sherzod Kudratkhodjayev, « au cours des 30 dernières années, la langue ouzbek n’a pas été en mesure de se développer pour devenir une véritable langue d’État ».
Certains considèrent que le passage de l’alphabet cyrillique à l’alphabet latin demeure incomplet. Afin de pallier ce déficit, l’ex-président Shavkat Mirziyoev a signé en octobre 2020 un décret dédié à la poursuite de cette transition. Ce document préconise la création d’un groupe de travail chargé de soumettre au président une feuille de route. Il appelle également les fonctionnaires à obtenir un certificat de connaissance de l’ouzbek.
Malgré la promotion de l’ouzbek au détriment du russe, ce dernier compte encore des millions de locuteurs à travers l’Ouzbékistan. La branche locale de Rossotrudnitčestvo estimait récemment leur nombre à 11,8 millions (soit un tiers de la population). S’appuyant sur plusieurs centaines d’établissements scolaires, les nombreux programmes télévisés russophones et l’attractivité des universités russes, le russe est devenu la langue véhiculaire par excellence dans les relations commerciales et politiques au niveau régional voire international [11].
Cet état de fait n’empêche pas l’éclosion de polémiques impliquant la Russie. En avril 2019, la publication d’un projet de loi a déclenché un vif débat en Ouzbékistan. Il proposait de sanctionner les fonctionnaires n’utilisant pas l’ouzbek sur leur lieu de travail. Le Ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que les partisans du projet étaient minoritaires. Il a aussi exhorté les autorités ouzbeks à maintenir l’emploi officiel du russe. Cette déclaration a provoqué un incident diplomatique. Son homologue ouzbek a réagi en rappelant que de telles décisions relevaient des prérogatives nationales. Il a également dénoncé l’ingérence russe.
Une autre controverse a éclaté au printemps 2020 lors des discussions parlementaires relatives à l’adhésion de Tachkent à l’Union économique eurasiatique (portée par la Russie) [12]. Elles ont connu un grand retentissement. Sur les réseaux sociaux, les débats portaient sur le passé soviétique, la politique linguistique ouzbek et la place du russe dans la société.
Conclusion
Ainsi, la langue est un instrument d’influence confirmé au service du soft power d’un État. La Russie fait partie des États qui ont décidé d’en exploiter le potentiel. Pour ce faire, elle s’est dotée d’agences culturelles. Ces agences sont plus que de simples institutions assurant la promotion de la langue et la culture russes. Elles soutiennent la politique étrangère du Kremlin en pleine reconquête de son statut de grande puissance.
Il n’empêche que cette stratégie est une source d’inquiétude voire de déstabilisation dans certaines anciennes républiques soviétiques. L’Ukraine et l’Ouzbékistan sont loin d’être des cas isolés. D’autres membres de l’étranger proche comme les pays baltes craignent d’être les prochains sur la liste du Kremlin.
Notes de bas de page :
[1] Dans un article publié sur le site du Kremlin en juillet 2021, Vladimir Poutine revient sur sa vision de l’unité historique liant Russes et Ukrainiens. Il déclare : « Je suis convaincu que la véritable souveraineté de l’Ukraine est possible précisément en partenariat avec la Russie. Nos liens spirituels, humains, civilisationnels se sont tissés depuis des siècles. Ils remontent aux mêmes sources, tempérés par des épreuves, des réalisations et des victoires communes. Notre parenté se transmet de génération en génération. […] Après tout, nous sommes un seul peuple ».
[2] Pour davantage d’informations à ce propos, le lecteur peut se référer à l’un de mes précédents articles en cliquant sur le lien suivant : https://www.observatoirepharos.com/pays/russie/la-russie-post-sovietique-en-quete-didentite-et-de-puissance/.
[3] Il s’agit d’une ONG basée aux États-Unis et en Allemagne dont les ambitions sont de promouvoir la diplomatie culturelle et de contribuer à la paix globale en renforçant les relations interculturelles.
[4] Élaboré par des intellectuels, des journalistes et des professeurs proches du pouvoir russe à la fin des années 1990, le concept de « Monde russe » se manifeste dans les discours politiques de Poutine à partir de 2001. La création de la fondation éponyme renforcera son ancrage dans le discours public russe.
[5] Le concept d’« étranger proche » (blijnéié zaroubiéjé) fait partie des principes caractérisant la diplomatie russe, en particulier entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Ce terme se réfère aux pays que la Russie considère comme de « faux » étrangers. En effet, elle entretient d’importants liens historiques, politiques, sociaux, culturels et économiques avec eux. Il se compose de 14 anciennes républiques soviétiques.
[6] « La langue russe à l’étranger » est le titre de l’un de ces programmes.
[7] À la suite de la déclaration d’indépendance de la Moldavie en 1991, la Transnistrie, une région séparatiste du sud-est de la Moldavie, a fait sécession. Un conflit armé éclate alors entre Tiraspol et Chisinau qui s’oppose à ces velléités irrédentistes. Depuis l’accord de cessez-le-feu de 1992, ce conflit est gelé. L’absence de reconnaissance internationale n’empêche pas la Transnistrie de détenir les attributs d’un État. Elle possède une constitution, un gouvernement, un parlement, un drapeau et un hymne national. Toutefois, le fonctionnement de cet État de facto repose largement sur les subsides russes.
[8] Il s’agit d’une référence au bras armé de l’Organisation des nationalistes ukrainiens, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne. Créée au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle a eu pour dirigeant le nationaliste Stepan Bandera. En plus d’avoir combattu aux côtés des nazis, il a été accusé de crimes de guerre (cf. massacre de juifs à Lviv en 1941 ; à cette époque, on écrivait Lvov en français). Aujourd’hui, l’accusation d’accointance des ukrainophones avec la mouvance nazi fait partie de la propagande russe. Ces allégations permettent de justifier l’ingérence et l’intervention russes en Ukraine.
[9] Connue sous le nom de « doctrine Gerasimov » (du nom du chef de la Défense russe, le Général Valery Gerasimov), cette stratégie de la Fédération de Russie s’appuie sur de nombreux outils telles les cyberattaques, les campagnes de désinformation, les pressions politiques et diplomatiques, la formation d’une opposition politique ainsi que les sanctions économiques.
[10] Comme la langue ukrainienne en Ukraine, l’ouzbek est plus dominant dans les milieux ruraux qu’urbains, à l’inverse du russe. La langue constitue donc un important « marqueur social ».
[11] Le russe fait partie des langues officielles de l’ONU, l’OSCE, etc.
[12] Créée le 1er janvier 2015, l’Union économique eurasiatique se compose de la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan. Ces États « s’engagent à garantir la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des travailleurs, à mettre en œuvre une politique concertée dans les domaines-clés de l’économie : dans l’énergie, l’industrie, l’agriculture et les transports ». La question de l’adhésion de l’Ouzbékistan à cette organisation a divisé les élites politiques ouzbeks. Certaines craignent les desseins cachés de Moscou et son potentiel contrôle accru sur les affaires ouzbeks. D’autres, y voient une opportunité de distribuer les produits nationaux sur de nouveaux marchés.
Image : Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux (Moscou), Wikimédia, 2015, CC-BY-4.0