Depuis près de huit ans, le cas d’Asia Bibi déchaîne les passions de milliers de religieux pakistanais. Cette mère de famille est accusée de blasphème par deux jeunes femmes de son village au Pendjab. Elle aurait critiqué le prophète alors qu’une femme avait refusé de boire dans son verre. L’imam du village a ensuite rassemblé les habitants et a porté plainte pour blasphème auprès de la police.
Un verdict qui a soulevé la fureur des milieux religieux extrémistes
Suite à la décision de la justice, des milliers d’islamistes sont descendus dans les rues pour paralyser le pays. Ils demandent à ce qu’Asia Bibi demeure emprisonnée et soit même pendue. Le gouvernement d’Imran Khan semble partagé entre le pouvoir des extrémistes qui se revendiquent de l’avis de l’ensemble des musulmans pakistanais et le respect de la décision de justice. La décision fait l’objet d’une requête en révision qui, si elle confirme l’absence d’erreurs procédurales ou administratives, sera alors définitive.
La loi anti-blasphème, éternel sujet de controverses
Le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, avait défendu Asia Bibi au début de l’affaire. Il a été tué. La disposition du code pénal pakistanais prévoit la peine de mort en cas de blasphème. Il est alors impossible de s’élever contre ces décisions tant les groupes islamistes menacent directement de mort quiconque la remet en cause. Le faible gouvernement et la société civile effrayée ne peuvent pas proposer d’amendements. Ou bien, ils craignent pour leur vie. D’ailleurs, ce ne sont pas les Chrétiens qui sont uniquement touchés par cette loi contre le blasphème mais bien les Ahmadis. Ceux-ci se réclament de l’Islam mais sont persécutés par les musulmans parce qu’ils ne reconnaissent pas Mohamed comme unique prophète.
La décision de sa libération réelle interviendra au début de l’année 2019.
Image : Vigilia de oración por Asia Bibi ante la Embajada de Pakistán en Madrid, by HazteOir.org. Flickr CC BY – SA 2.0