Le Parti d’Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (parti pakistanais pour la Justice, PTI) a gagné les élections législatives et provinciales du Pakistan, le 25 Juillet 2018. Le paysage politique a été presqu’entièrement renouvelé (à l’exception du Sénat, dans trois ans). Le moment est donc venu pour une première évaluation de la situation politique du Pakistan. Après avoir examiné le résultat des élections et les controverses qu’elles ont suscitées, il s’agit de tirer quelques enseignements très provisoires des premiers mois du gouvernement d’Imran Khan.
Des changements espérés qui tardent à s’opérer
Trois mois après l’élection d’Imran Khan, une certaine déception de la population est visible. Les résultats des élections partielles du 14 octobre en témoignent : très faible participation électorale et perte de quelques circonscriptions qui avaient donné leurs voix à un candidat du PTI lors des élections législatives de juillet. En particulier, sur les 4 circonscriptions qui avaient voté pour Imran Khan et dont il s’était désisté, deux ont été récupérés par l’opposition.
La presse est de plus en plus critique à l’égard d’Imran Khan et une des expressions qui revient souvent est « spécialiste de la volte-face » (a flip-flop Prime minister). En effet, le Premier ministre oscille sans cesse, dans ses discours, entre son style traditionnel de campagne marqué par des promesses irréalistes, les affirmations tranchées souvent plus qu’approximatives, les insultes contre tous ceux qui s’opposent à lui et la recherche d’une expression plus adaptée à la fonction qu’il occupe aujourd’hui.
Pour le moment, sa position est encore solide. Il continue à bénéficier d’une réelle popularité et l’armée le soutient résolument. Mais, si la contradiction entre les faits et les mots, les revirements soudains et inexpliqués de position et une gouvernance aussi critiquable, si ce n’est plus, que celle de ces prédécesseurs ne sont pas corrigés rapidement, il lui sera difficile d’échapper à une crise politique dont le Pakistan n’a vraiment pas besoin.
La série des Focus Pharos sur le Pakistan
Dans le cadre d’une série de Focus Pharos, Olivier Louis, Observateur référent de l’Observatoire Pharos, présente différentes facettes du Pakistan, pays dans lequel il a vécu et qui continue de le passionner. Après une présentation du système judiciaire, du système éducatif, de la mouvance islamique en politique, des élections législatives, et un retour sur les conclusions du rapport annuel de la Commission des droits de l’Homme du Pakistan pour l’année 2017, voici la note complète (dossier joint) concernant les premiers mois en politique du nouveau Premier Ministre.
Image : Imran Khan at the conference “Rule of Law : The Case of Pakistan” organized by Heinrich Böll Foundation, by Stephan Röhl. Wikicommons CC BY – SA 2.0