Aux JMJ de Lisbonne, une dimension interreligieuse et œcuménique
Le Portugal a accueilli cette année les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ). Un million et demi de pèlerins ont fait le déplacement jusqu’à Lisbonne. Ils représentaient plus de 200 nationalités différentes. L’événement a également eu une dimension interreligieuse et œcuménique.
Dimension spirituelle
Le grand rassemblement festif de la jeunesse catholique mondiale a eu lieu du 26 juillet au 6 août 2023. Une première partie se déroulait dans tout le pays, puis à partir du 1er août les célébrations avaient lieu à Lisbonne. Le programme était évidemment centré sur la foi et différents temps étaient prévus. Ceux-ci couvraient à la fois l’enseignement religieux (catéchèse), la réflexion sur différentes thématiques, les temps de vie commune et de prière.
Dimension interculturelle
La première phase des Journées mondiales de la jeunesse consistait à accueillir les pèlerins et leurs accompagnateurs dans les diocèses. Dans tout le pays, des familles ont accueilli des jeunes chez elles et dans leur communauté paroissiale. Le but : découvrir que la foi rassemble, même vécue différemment selon les cultures. Les jeunes ont ainsi pu découvrir tant la manière de vivre la foi au Portugal que la culture et l’histoire du pays. Inversement, les familles portugaises ont eu l’occasion de rencontrer des nationalités différentes. Par exemple, à Portimão, dans le sud du pays, pas moins de 63 nationalités étaient présentes.
Dimension interreligieuse
Cette édition des JMJ a également pris une forte dimension interreligieuse et œcuménique. Le comité d’organisation a voulu mettre l’encyclique Fratelli tutti (encyclique du Pape sur la fraternité universelle) au cœur de l’événement.
Ainsi, des familles pratiquant diverses religions ont accueilli des pèlerins lors des premiers jours passés dans les diocèses. Des jeunes ismaéliens* se sont également portés volontaires pour encadrer les journées de festivité.
Pendant les journées elles-mêmes, les sièges lisboètes de plusieurs religions non chrétiennes étaient ouverts à la visite. Les pèlerins pouvaient s’inscrire et participer à des visites guidées de la principale synagogue de Lisbonne, de la mosquée, du centre ismaélien ou encore d’un temple hindou. Trois églises catholiques permettaient également de se plonger dans l’histoire religieuse du pays, notamment les relations avec le judaïsme. Par ailleurs, des rencontres interreligieuses ont été organisées.
Un film sur une jeune femme catholique en dialogue avec les musulmans de sa région en Ouganda a été projeté. La dimension interreligieuse a pris également la forme d’un festival de chant qui rassemblait plusieurs religions, organisé à l’initiative des Focolari (mouvement catholique).
Enfin, l’université de Lisbonne a organisé la plantation de six arbres, représentant six familles religieuses : taoïsme, hindouisme, bouddhisme, judaïsme, christianisme et islam. Ils doivent rester comme un rappel de ces JMJ.
Certaines de ces initiatives ont rassemblé quelques centaines de jeunes, d’autres beaucoup moins. Néanmoins, pour les organisateurs, le plus important était que ces événements se tiennent.
(* On dénombre environ 8 000 ismaéliens au Portugal. Les ismaéliens sont une branche du chiisme.)
Dimension œcuménique
Côté œcuménisme, plusieurs événements ont été organisés. L’Église anglicane anglophone et l’Église lusitanienne (rattachée à la Communion anglicane) participaient en organisant conférences, temps de prière et autres événements. Deux églises étaient également mises à disposition de Taizé (une communauté d’inspiration protestante qui rassemble tous les chrétiens pour prier) et du Chemin Neuf (mouvement français engagé dans le dialogue entre chrétiens). Les deux mouvements ont organisé des temps de prière. Par ailleurs, une soirée de louange a été organisée dans un stade complet, à l’initiative d’un pasteur évangélique (Rodrigues Pereira) et avec la participation du Renouveau charismatique catholique.
Enfin, les membres des différentes confessions chrétiennes et de religions non chrétiennes étaient invités à participer aux célébrations. Le patriarche de Lisbonne, Mgr Manuel Clemente, les a ainsi salués dans son homélie, lors de la messe d’ouverture des JMJ.
Une expérience récente du dialogue interreligieux pacifique
Le Père Peter Stilwell, responsable des relations œcuméniques et du dialogue interreligieux du Patriarcat de Lisbonne, faisait le point dans un entretien avec le média catholique portugais Renascença. Il rappelle que le Portugal est un pays ou la tolérance et la concorde religieuses sont aujourd’hui la règle. Les relations entre les différentes religions sont nourries et constructives depuis les années 1980. Les communautés musulmanes et hindoues, par exemple, ont historiquement été bien intégrées. En effet, leurs membres provenaient jusqu’à récemment des anciennes colonies (Mozambique, en particulier). Ils connaissaient donc déjà la culture et la langue à leur arrivée sur le sol portugais continental. Les nouveaux arrivants appartenant à ces religions proviennent maintenant d’autres régions du monde. Ils sont accueillis par des coreligionnaires intégrés dans le pays.
L’immigration récente dans certaines régions dépeuplées du pays pose cependant de nouvelles questions. En effet, les immigrés arrivent parfois nombreux avec leurs traditions culturelles et religieuses différentes, sans l’appui des centres religieux lisboètes pour s’intégrer. Ces situations donnent alors lieu à des craintes.
Pour le P. Stilwell, il est important que chacun puisse s’intégrer à la communauté nationale et que les jeunes catholiques portugais apprennent à vivre dans un monde pluriel.
Image : Cérémonie d’accueil du Pape François aux JMJ 2023 (03/08/2023) – Auteur : WYDAttendeeAus – Licence CC-BY-4.0