Centrafrique : chrétiens et musulmans célèbrent la Tabaski à Bangui
Ce samedi 9 juillet 2022, les musulmans de Centrafrique à l’instar de ceux du monde entier ont célébré dans la simplicité la fête du sacrifice dénommée Tabaski qui rappelle le sacrifice d’Ismaël par son père Ibrahim, selon le Coran. À Bangui, cette fête est marquée par des prières dans les mosquées, suivies des moments de partage de repas et de réjouissance au sein des communautés musulmanes.
L’une des particularités de Bangui est la prière œcuménique regroupant des chrétiens et musulmans à la mosquée Al Farouq, située au quartier Yapele dans le 2e arrondissement. Dans sa prédication, l’imam Lawane Mbaiki a invité tous les croyants à la crainte de Dieu et à s’aimer les uns les autres. Cette prière de Tabaski a pris fin par le partage des vivres offerts par l’association DUHA de la Turquie, en partenariat avec le Conseil Supérieur Islamique de Centrafrique (CSISCA).
À propos de la mosquée Al Farouq de Yapélé
En 2002, l’actuelle mosquée de Yapélé n’était qu’une petite communauté de prière. Six ans après, en 2008, un vent violent a fait écrouler ce petit lieu. « C’est grâce à la générosité d’une personnalité qui a répondu favorablement à une demande d’aide pour la reconstruction, que le bâtiment a été agrandi et est devenu véritablement un lieu de prière de chaque vendredi en prenant le nom de la mosquée Al Farouq », a expliqué l’imam de ladite mosquée, Saleh Mohamed. Elle est située en plein cœur du quartier Yapélé au sud de Bangui, dans le 2e arrondissement.
La mosquée Al Farouq a été saccagée trois fois : au début des mutineries déclenchées en 1996, puis une deuxième fois sans que l’année n’ait été retenue, et enfin en 2014, au cœur de la crise centrafricaine, où un groupe d’individus assimilés aux antibalaka y ont mis le feu. Toutefois, le bâtiment n’a pas été complètement détruit.
La contribution de la société civile pour la réhabilitation de la mosquée Al Farouq
En mai 2015, l’association des volontaires de la Paix et le Développement (AVOPAD) a lancé une activité de nettoyage de la mosquée. Une initiative qui a motivé un groupe de militaires qui s’est associé à l’AVOPAD pour nettoyer et protéger la mosquée. Ces militaires avaient demandé à la population environnante d’assurer la protection de ce lieu de prière.
C’est en mai 2017, que les activités ont repris à la mosquée Al Farouq, après sa réhabilitation grâce à la mobilisation des musulmans et chrétiens du 2e arrondissement de Bangui.
Le retour de la confiance au sein de la communauté musulmane
Aujourd’hui, la majorité des musulmans du quartier n’est plus inquiétée. Les inquiétudes de cette population ont fortement baissé depuis la fin de la crise centrafricaine. Les musulmans se promènent et vaquent à leurs occupations quotidiennes dans leur tenue traditionnelle, sans aucune menace comme au moment fort de la crise centrafricaine entre 2013-2014. Ils fréquentent à nouveau régulièrement des endroits qu’ils avaient désertés tels que les hôpitaux, les écoles, les lycées, les université, les marchés, les routes de voyage.
C’est l’aboutissement d’un long processus enclenché par des organisations de la société civile qui œuvrent pour la paix et la réconciliation à l’instar de la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique. Cette dernière ne cesse de lancer des messages en faveur de la paix, la tolérance, la confiance et la cohabitation pacifique entre les citoyens dans le respect de la religion et de la culture de chaque communauté. Alors que la situation sécuritaire du pays peine à être stabilisée, ces initiatives de la société civile font espérer une normalisation progressive des relations au sein de la société civile et entre communautés religieuses.
Arsène-Jonathan MOSSEAVO