Un nouveau gouvernement a été nommé en République centrafricaine, le dimanche 3 mars. Sous l’impulsion du nouveau Premier Ministre, Firmin Ngrébada, 36 ministres sont réunis. Ce gouvernement s’inscrit dans les accords de Khartoum, signés le 06 février 2018. Firmin Ngrébada entend répondre aux préoccupations de l’ensemble des citoyens. Les priorités données sont celles du rétablissement de la paix, la sécurité, la réconciliation nationale mais également le relèvement économique.
Un gouvernement ingouvernable
Les réactions ont été vives suite à la diffusion des nouveaux ministres. Les Centrafricains ont souligné la volonté du gouvernement de respecter les accords de Khartoum en incluant les représentants des groupes armés. Mais cette inclusion a également été vivement critiquée en rappelant que la justice n’a pas été rendue. D’un autre côté, les ministères régaliens n’ont pas été impactés par d’importants changements. Le choix pouvait sembler impossible pour le chef de l’Etat et son premier ministre. Selon les organisations internationales impliquées dans l’accord de Khartoum, il s’agissait du « meilleur accord trouvable en l’état ».
Le compromis ne semble pas pouvoir régler des différents et des attentes aussi divergentes. En effet, bien que la nomination du Premier Ministre n’ait pas été saluée par tous, les groupes armés ont vu dans le nouveau gouvernement un affront. Le partage du pouvoir ne leur semble pas suffisant et les déclarations affluent de toutes parts pour que des changements significatifs soient entrepris.
Les craintes justifiées de la société civile
Bien que le respect des accords de Khartoum ne repose que sur la volonté des signataires, certains y ont vu un espoir pour le pays. En effet, l’arrêt des combats, la restauration de l’appareil d’Etat et la mise en place effective de la Commission Vérité Justice Réparation et Réconciliation (CVJRR) étaient attendus depuis longtemps.
Désormais, il est à craindre que les groupes armés reprennent les combats ou soient davantage impliqués dans un nouveau gouvernement. Cette deuxième disposition, si elle répond aux accords de Khartoum, ne semble pas répondre aux attentes des populations victimes, comme l’Observatoire Pharos a pu le constater dans le rapport « Justice et priorité aux victimes » (octobre 2018). Si le huitième accord de paix n’aboutit à rien, l’espoir de la population et de la société civile risque d’être fortement dégradé.
La société civile continue de demander à ce que le prochain gouvernement soit plus inclusif envers les populations elles-mêmes pour que leurs attentes ne soient plus déçues ou trahies. Ainsi, inclure des leaders sociaux ou représentants d’associations de victimes pourrait amener à une meilleure écoute.
Image : World Humanitarian Day 2013, Central Africa Republic by EU/ECHO/M.Morzaria. Flickr BY ND 2.0.