L’observateur et reporter congolais, Erikas Mwisi Kambale, est revenu pour Reuters sur les suspicions d’un nouveau type de terrorisme dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Basé à Béni, Mwisi alerte régulièrement sur les multiples exactions de cette région depuis 1996.
Ainsi, le 26 août 2020, il commente pour Reuters l’attaque qui a causé la mort de vingt personnes dans la Province du Nord-Kivu. L’armée congolaise parle d’une attaque terroriste islamiste. Trois jours plus tôt, la découverte de treize morts dans la même région a permis aux autorités congolaises de confirmer leurs soupçons d’un terrorisme islamiste. Quelques jours plus tard, le 28 août, dix militants islamistes ont perdu la vie dans cette même province.
Ces informations mettent en lumière la violence dont est victime la population du Nord-Kivu. Si depuis plus de trente ans, celle-ci continue de faire face à de cruelles exactions dont les causes et les responsabilités sont multiples [1], on constate une recrudescence récente des attaques et des tueries. Cette situation est d’autant plus compliquée que les crises sanitaires aggravent le contexte humanitaire.
L’intensification des exactions est-elle liée à l’action de l’Alliance Democratic Forces (ADF) ? Peut-on qualifier de djihadistes ces attaques attribuées à l’ADF dans un pays où jusqu’à présent l’islam semble se refuser au radicalisme ?
Un contexte régional complexe aux implications diverses
La Province du Nord-Kivu est l’une des plus riches d’Afrique (présence de coltan, de pierres précieuses, de bois rare, ainsi que d’autres richesses naturellement présentes dans les sols). L’appât du gain, le contrôle de la région et de ce qui y circule (armes, munitions) font de la région du Kivu une des zones les plus convoitées et les plus dangereuses du monde.
Effectivement, cette province connaît depuis trente ans des massacres quotidiens et des déplacements de population dus à des conflits (d’ordre politique, régional, ethnique ou économique [2]) à des épidémies devenues récurrentes. Ces violences sont caractérisées par des exactions quotidiennes, des enlèvements, des viols, des assassinats (ciblés ou non), et des massacres. Elles touchent principalement la Province du Nord-Kivu, plus précisément les régions de Béni et de Butembo, ainsi que la Province voisine de l’Ituri, elle-même frontalière de l’Ouganda et du Sud-Soudan.
Plusieurs de ces attaques sont attribuées à l’ADF (ou ADF-Nalu), une milice armée d’origine ougandaise, présente sur le territoire congolais depuis la Guerre du Congo en 1996 [3]. L’ADF est une émanation de plusieurs groupes armés d’opposition en Ouganda : Allied Democratic Movement, National Liberation Movement of Uganda et Uganda Muslim Liberation Army. Dès ses débuts, l’ADF s’est constituée tout d’abord en opposition au régime du Président ougandais Yoweri Museveni (1986-). Elle regroupait d’anciens soldats ougandais, différents miliciens des mouvements ougandais d’opposition, des soldats déserteurs des Forces Armées Zaïroises (FAZ) et d’anciens soldats des Forces Armées Rwandaises. Dans les années 1995-96, l’ADF comptait environ 1 500 hommes, était active dans les forêts denses frontalières entre l’Ouganda et l’Ituri et était soutenue par le Président du Zaïre (ancien nom de la RDC) : Mobutu Sese Seko.
Ceci s’explique par le contexte géopolitique régional des années 1995-1996. Suite au Génocide du Rwanda (1994) et à l’installation au pouvoir du Front Patriotique Rwandais (FPR), des milices hutu génocidaires (principalement les Interahamwe créés en 1992) avaient fui au Zaïre et s’étaient constituées en groupe armé cherchant à reconquérir le pouvoir au Rwanda.
La Deuxième Guerre du Congo (1998-2002) et les actes de violences armées qui se poursuivent aujourd’hui ont donné lieu à de nombreux viols et massacres. La guerre a causé la mort de près de 183 000 personnes selon des sources démographiques fiables de l’Association pour le Développement de la Recherche Appliquée en Sciences Sociales (ADRASS). La guerre a par ailleurs provoqué un flot de réfugiés vers des pays voisins (Burundi, Rwanda, Tanzanie) ainsi que des déplacés sur le territoire du Congo. Des tensions de différentes natures dans ces derniers pays ont à leur tour engendré un flot de réfugiés vers le territoire congolais, cet afflux créant ensuite de nouveaux conflits locaux relatifs à l’occupation des terres.
À cela s’ajoute le problème de la nationalité des Banyamulenge (des populations tutsi congolaises établies depuis plus d’un siècle à l’est de la RDC), qui est toujours contestée par d’autres groupes ethniques d’origine bantu [4]. Tout ceci favorise le maintien de milices d’autodéfense que les autorités de Kinshasa ne sont pas en mesure de contrôler. Cette situation est d’autant plus complexe que le contexte politique interne en RDC est loin d’être stable.
L’esprit de réconciliation nationale préconisé par l’Accord de Sun City (19 avril 2002) a été progressivement anéanti par les élections présidentielles de 2006, 2011 et 2018, qui ont souligné et multiplié les divisions. Les rivalités géopolitiques internationales entre l’Union Européenne et ses États membres, les États-Unis, la Chine, la Turquie et de nombreux États de l’Union Africaine n’ont pas non plus favorisé l’apaisement des esprits et la cohésion nationale. La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unis pour la Stabilisation du Congo), très critiquée, est souvent désignée comme bouc-émissaire de cette mésentente générale.
Une présence ancienne de l’islam dans l’est de la République Démocratique du Congo
L’islam est présent au moins depuis le XIXe siècle dans l’Est du Congo. Les confréries soufies (notamment la Qadiriyya popularisée par le shaykh Uways de Somalie) ont emprunté les routes caravanières de l’intérieur des terres afin d’islamiser (faire la da’wa) les populations du bara [5]. Ces routes ont été empruntées d’abord par les commerçants d’ivoire et d’esclaves originaires de la côte swahili venus échanger des denrées manufacturées contre de la main d’œuvre servile pour l’exploitation des plantations de clous de girofles.
Au moment de la colonisation belge, les principales voies commerciales reliant l’Océan Indien à l’Océan Atlantique par le territoire de l’actuel RDC disposaient de comptoirs swahili dominés par le sultanat de Mascate (la dynastie Busaïdi). L’un des principaux commerçants de l’époque, le zanzibarite Hamed bin Mohamed Al Marjebi (1837-1905), plus connu sous le nom de Tippo Tip (ou Tippu Tip), a d’ailleurs fait allégeance pendant un temps au Roi Léopold II et a été gouverneur du District des Chutes de Stanley (Province orientale).
L’islam est une religion reconnue en RDC et constitue la deuxième mouvance religieuse après le christianisme, largement majoritaire. Pourtant, le nombre de musulmans en RDC est très difficile à déterminer. Les estimations varient de 1,6% de la population (soit moins d’1 million de personnes) selon la CIA à près de 20% (soit plus de 15 millions) selon le Pew Research Center. Selon le Président de la Communauté Islamique en RDC (COMICO), le Cheikh Zundi Ngongo Amani, 50 % des musulmans sont sunnites, 15% ahmadistes [6] et 10% chiites, le reste se déclare « musulmans sans plus ».
La majorité des musulmans sont originaires des Provinces du Maniema, du Nord-Kivu, de l’Ituri et de Kisangani, mais la présence musulmane ne se limite pas à ces Provinces.
Bien que le nombre de mosquées ait sensiblement augmenté ces dernières années dans les grandes villes, y compris à Kinshasa, l’islam congolais semble peu revendicatif. La COMICO est très respectueuse des institutions de la République et ne semble pas défendre de thèses islamistes ou hostiles à d’autres communautés religieuses. Ses statuts soulignent d’ailleurs parmi ses objectifs « la cohabitation pacifique et positive avec toutes les confessions religieuses » [7].
Un islam de plus en plus radical ?
Cependant, l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) aurait été alertée ces dernières années sur la présence à Kinshasa, Kisangani et Goma de communautés de prières se réclamant d’un islam plus radical, hostile sinon à l’État du moins à la politique pro-occidentale qu’ils lui attribuent. Même si ces affirmations semblent peu vraisemblables en raison du contrôle de l’État sur ces communautés, elles constitueraient des réseaux islamistes passablement radicalisés, dont certaines chercheraient à influencer les positions de la COMICO. Cette dernière, étant animée par un désir de notabilité sociale, veille à conserver une image « modérée », politiquement acceptable, ce qui contraste avec les pratiques des réseaux salafistes, exerçant un prosélytisme intense à travers les œuvres caritatives. Par ailleurs, les services de sécurité auraient aussi été sensibilisés à la création d’écoles coraniques, dont l’attrait serait d’autant plus grand dans les milieux défavorisés des grandes villes que l’enseignement y serait prodigué gratuitement. Certains observateurs considèrent que ces écoles bénéficieraient probablement de financements étrangers privés, sans que l’on puisse déterminer s’ils sont d’origine saoudienne, pakistanaise ou turque.
Dans le Nord-Kivu, des bruits persistants accusent des officiers et des soldats de la MONUSCO originaires de pays musulmans de sponsoriser la construction de mosquées et de distribuer des biens de première nécessité dans un but missionnaire.
Sur la question d’un islamisme violent ou d’un mouvement djihadiste en RDC, un article paru dans le journal Le Monde en avril 2019 indiquait : « l’ADF est un groupe armé d’obédience islamiste créé au milieu des années 1990 […] par des adeptes de la secte tabligh ». Le tablighi Jamaat [8] désigne une branche très minoritaire de l’islam née dans le sous-continent indien qui cherche à « réislamiser » les musulmans. Ce même article évoque l’attaque d’une caserne, faisant deux victimes dans le nord-est de la RDC, revendiqué par l’État Islamique (EI). Il s’agit de la première dénonciation publique en Europe des liens supposés entre l’ADF-Nalu et le djihadisme. Pourtant, en 2010, l’ADF-Nalu avait prêté allégeance à l’État Islamique, et s’était renommé ADF-MTM : Madinat Tawhid wal Muwahiddin (La région du monothéisme et des monothéistes). Cependant, les liens et le financement de l’ADF-Nalu par cette organisation terroriste restent flous.
Des groupes armés de nature politique se transformant en groupes « islamistes » ?
La réalité des motifs religieux ou idéologiques de l’ADF-Nalu et des liens de ce groupe armé avec les grandes organisations terroristes continuent de susciter des interrogations. En octobre 2012, trois prêtres assomptionnistes du Diocèse de Butembo ont été enlevés près de Béni. Ces enlèvements n’ont pas été revendiqués, et le sort de ces religieux reste à ce jour inconnu. Le fait que ces enlèvements aient visé des prêtres catholiques a été interprété par certains commentateurs comme une preuve de la radicalisation islamiste de l’ADF.
Puis en 2015, des opérations conjointes ont permis de trouver dans les débris des camps abandonnés par les membres de l’ADF-Nalu, des exemplaires à moitié détruits du Coran et d’autres écrits islamiques. Les autorités congolaises soulignaient par ailleurs que les noms des deux bases de l’ADF-Nalu avaient une consonance « islamique ». Ces informations n’ont toutefois pas été confirmées par des sources indépendantes, pas plus que les affirmations d’un porte-parole de la MONUSCO selon lesquels des liens entre l’ADF-Nalu, Al-Qaïda, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) et d’autres groupements djihadistes étaient avérés.
Le 16 novembre 2019, quinze civils au moins ont été tués dans une attaque attribuée à l’ADF-Nalu à Mbau, dans le territoire de Beni. Là non plus, des motifs islamistes n’ont pas été prouvés.
Pour finir, certains observateurs avancent qu’en plus de ses liens avec l’EI, l’ADF-Nalu aurait des affinités avec les shebabs somaliens. Il s’agit d’un groupe terroriste islamiste qui étend son influence sur toute la côte est-africaine et qui chercherait maintenant à pénétrer l’intérieur des terres. Il faut toutefois rester prudent vis-à-vis de ces informations car des annonces et des déclarations agissent parfois comme des actes d’intimidation ou de propagande. D’autant plus que certains milieux chrétiens recourent à ce type de déclarations pour obtenir l’aide de bailleurs de fonds occidentaux préoccupés par l’extension de l’islamisme en Afrique subsaharienne.
Conclusion
Ainsi les preuves d’une présence islamiste sont réelles mais les attaques sont en revanche difficiles à définir de manière certaine comme étant de nature djihadiste. Il n’est pas attesté que l’ADF-Nalu bénéficie de financements étrangers réguliers. Aucune information fiable ne vient confirmer non plus des affirmations selon lesquelles l’ADF-Nalu bénéficierait d’instructeurs djihadistes étrangers ou que des organisations djihadistes reconnues, telles que l’EI, Al-Qaïda ou AQMI contribueraient au recrutement des membres de ce groupe armé.
En tout état de cause, dans un rapport de l’ONU présentant la situation dans ce pays durant le premier semestre de l’année 2020, une analyste de l’International Crisis Group, Onesphore Sematumba rapporte que la partie orientale de la RDC « n’a jamais vraiment été pacifiée » et que « les groupes armés y font la loi avec une violence extrême ».
Les autorités politiques congolaises et internationales ont longtemps souhaité ethniciser la crise et aujourd’hui l’ANR cherche à mettre en exergue l’extrémisme religieux pour justifier les violences au Kivu. Cette grille de lecture n’est pas suffisante pour expliquer la situation à l’est de la RDC, où les violences sont surtout liées au pillage des ressources, au mercantilisme et à la politique régionale, dans laquelle l’ancien pouvoir à Kinshasa a du mal à justifier son propre rôle.
S’il faut rester vigilant sur la réalité et le risque élevé d’islamisation de la violence, on ne peut pas faire abstraction des facteurs de conflit les plus ancrés dans le Kivu : les groupes armés qui sévissent toujours dans la région pour défendre les intérêts d’affairistes rwandais, ougandais et congolais (intermédiaires des groupes multinationaux actifs dans le bois, les minerais, le pétrole, le gaz, etc.) ; les tensions entre les nombreuses populations, déplacées au gré des conflits, qui cohabitent dans la zone ; les débris toujours dangereux des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), les groupes maï-maï (groupes congolais d’autodéfense composés principalement sur des bases ethniques, communautaires et tribales) et les groupes d’autodéfense de diverses obédiences ou appartenances ethniques.
Notes
[1] Le rapport semestriel du Bureau Conjoint des Nations Unis aux Droits de l’Homme (BCNUDH) établi à Kinshasa au sein de la MONUSCO témoigne de la fragilité de la situation sécuritaire, politique et sociale en RDC, en particulier à l’est du pays où les violences et les atteintes aux droits humains ne cessent pas.
[2] Exploitations (illégales ou non) des mines et des ressources forestières.
[3] Laurent Désiré Kabila et l’AFDL ont pris le pouvoir à Kinshasa en mai 1997 au terme de la Première Guerre du Congo. Les nouveaux dirigeants congolais notamment, les mentors ougandais et rwandais de l’AFDL, se sont ensuite disputés, ce qui a provoqué la Deuxième Guerre du Congo et la division de facto du pays en trois entités territoriales. La première est la RDC Kinshasa, dirigée par Laurent Désiré Kabila (puis après son assassinat en 2001, par son fils Joseph Kabila), soutenue principalement par l’Angola et le Zimbabwe, par les ex-génocidaires rwandais du FDLR et par les maï-maï. La seconde entité dominait la Province de l’Equateur et la Province Orientale et est dominée par Le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Elle était principalement soutenue par l’Ouganda et la Libye du Président Kadhafi. Enfin, l’est du pays est contrôlé par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma), dirigé par Azarias Ruberwa et appuyé par le Rwanda. C’est dans le contexte de la Deuxième Guerre du Congo (1998-2002), ainsi que dans l’imbroglio des différents mouvements rebelles instrumentalisés par le pouvoir rwandais contre le pouvoir congolais qu’évolue l’ADF-Nalu dont les premiers faits d’armes sont essentiellement de nature « politique » et économique.
[4] La citoyenneté des Banyamulenge était reconnue légalement, notamment en 1993 à la Conférence nationale souveraine. Beaucoup de jeunes de ces tutsi congolais ont rejoint les rangs du Front Patriotique Rwandais (FPR) et contribué à la chute de l’ancien régime de ce pays. Une fois le FRP au pouvoir, le nouveau régime a remis en cause les frontières tracées au XIXe siècle lors de la Conférence de Berlin. Il a ainsi commencé à revendiquer la révision des frontières héritées de la colonisation, sous prétexte que le Nord et le Sud-Kivu appartenaient au vieux royaume tutsi que s’étaient partagés la Belgique et l’Allemagne. Cette revendication a trouvé un écho dans une région à très forte densité démographique, sur un terrain déjà sensible marqué par des conflits de terres et de pâturages, et par une hostilité ancestrale parmi les populations.
[5] Bara : terme kiswahili qualifiant l’hinterland africain. (Cf. AHMED ABDALLAH Chanfi, Ngoma et mission islamique (da’wa) aux Comores et en Afrique orientale, Paris, l’Harmattan, 2002).
[6] Une école messianique réformiste venue du Punjab et considérée comme hérétique en Arabie Saoudite et au Pakistan.
[7] Statuts de la Communauté Islamique en République Démocratique du Congo, Kinshasa, le 14 février 2009.
[8] Son fondateur Jamil Mukulu est né en 1964 dans une famille chrétienne. Il a fait des études à Nairobi puis en Arabie Saoudite, où il s’est converti à l’islam et a adopté le nom de Jamil Mukulu, reniant ainsi son nom de baptême David Steel. Il se réclame de la secte tabligh. Il ne fait aucun doute que Jamil Mukulu se réclame d’un islamisme radical. Sa conversion à l’islam témoigne de sa foi, comme son projet dans les années 1990 de renverser le Président Museveni pour faire de l’Ouganda une République islamique. Il est arrêté et condamné à la prison en Ouganda, et est rejeté par les autorités musulmanes du pays comme « salafiste ». Il décide alors de créer l’ADF-Nalu qu’il dirige jusqu’en 2015, date de sa capture en Tanzanie. Détenu en Ouganda, il devrait être jugé par la Cour Pénale Internationale pour « crimes de guerre ». Il a par ailleurs été condamné à mort par contumace par un tribunal en RDC.
Image : habitants du Nord-Kivu, FLICKR, crédit photo: MONUSCO/Kevin Jordan, 2020.