Le maire de Londres, Sadiq Khan, a récemment délivré des chiffres montrant une augmentation spectaculaire du nombre de crimes et d’attaques directement dirigés contre des musulmans. Après l’attaque de London Bridge, il constate que ces chiffres se sont multipliés par cinq dans sa ville. Pourtant, les experts supposent que ces chiffres sont sous-estimés puisque, par peur, certaines victimes ne signalent pas leur agression. Sur Internet ou dans la rue, ces attaques touchent aussi bien les hommes que les femmes. Mark Hamilton, assistant chef de police, a fait remarquer que ces pics d’attaques haineuses étaient un phénomène systématique au lendemain d’attentats terroristes, et qu’ils étaient généralement courts. « J’appelle tous les Londoniens à se rassembler et à envoyer au reste du monde le message que notre ville ne sera jamais divisée par ces ignobles individus qui veulent nous blesser et détruire notre mode de vie » a déclaré Sadiq Khan.
En l’espace de quelques mois, le Royaume-Uni a été victime de trois attaques terroristes liés à l’organisation État Islamique : deux à Londres et une à Manchester. La société britannique et son modèle de multiculturalisme se voient confrontés à un malaise grandissant vis-à-vis de la communauté musulmane : d’une part, il existe une peur de stigmatiser qui amène à une certaine prudence dans le vocabulaire – aucun politicien modéré ne se permettra publiquement de parler d’islamisme par crainte de passer pour raciste. Et d’autre part, la communauté musulmane se sent dans l’obligation de se détacher des attaques, comme s’il était jugé nécessaire de prouver que ce n’est pas la religion le problème – les imams de la ville ont, à ce titre, refusé de faire des obsèques religieuses aux assaillants de London Bridge, mais cela nécessitait-il une couverture médiatique ? Le Royaume-Uni fait face à un véritable problème de communication qu’il sera difficile de résoudre en ménageant les susceptibilités de chacun. A ce titre, il faudra garder un œil sur le respect de liberté d’expression dans le royaume pour les quelques années à venir. Pour l’heure, c’est la capitale qui en fait les frais : Londres, longtemps considéré comme un exemple de cosmopolitisme, avait été épargné par la poussée de crimes racistes (principalement contre des Européens de l’Est) qui avait suivi les résultats du référendum sur le Brexit en juin 2016. Mais ciblé par des groupes islamistes extrémistes, le vivre-ensemble londonien est mis à rude épreuve.
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