La Cour de Justice de l’Union Européenne a récemment indiqué, lors du jugement d’un cas belge sur le port du voile islamique dans le cadre professionnel, que l’interdiction des signes religieux sur le lieu de travail relevait de l’interprétation de l’employeur et ne constituait pas une discrimination. Dix mois après le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, cette décision a fait réagir Caroline Spellman, représentante de l’Eglise d’Angleterre auprès du Parlement de Westminster : selon elle, il s’agit d’une interprétation de la Cour en conflit avec sa jurisprudence habituelle sur la question, et le Brexit offrirait une opportunité de se distancier de ces contradictions. Un mois plus tôt, la Première Ministre conservatrice Theresa May avait déjà fait remarquer qu’à ses yeux, toute femme est libre de choisir ce qu’elle porte et que le gouvernement ne doit pas intervenir sur la liberté d’expression religieuse.
Cet article nous permet de relever deux points :
- D’une part, la réflexion qui émerge autour du pluralisme religieux dans le cadre du Brexit : le traitement de la diversité religieuse au Royaume-Uni diffère de nombreux pays européen, et l’influence que la France ou la Belgique ont pu avoir sur la question des signes religieux choquent la société britannique dans la mesure où il ne s’agit pas d’un pays séculaire. En effet, la Reine Elisabeth II est chef d’Etat et chef de l’Eglise Anglicane. On voit ainsi se former un fossé européen sur l’interprétation juridique de la liberté religieuse et de la liberté de conscience.
- D’autre part, et de manière plus générale, cet article montre en filigrane la façon dont la société britannique considère la liberté d’expression religieuse, et ce même dans les partis plutôt conservateurs. Plus libéraux que leurs voisins français, notamment sur la question du voile islamique, les Britanniques tendent à voir le multiculturalisme et le pluralisme religieux comme les arguments d’un melting-pot au sein duquel chacun peut mettre en avant son identité religieuse sans crainte, et non pas la cacher pour uniformiser visuellement la sphère publique.
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