L’organisation caritative Community Security Trust, ayant pour mission la protection de la communauté juive, a publié son rapport sur les incidents antisémites au Royaume-Uni pour 2017.
Les agressions violentes en hausse depuis plusieurs années
Elle a enregistré 1 382 de ces incidents l’an dernier, constatant ainsi une augmentation de ce nombre sur les quatre dernières années. Parmi ces incidents, ceux classés en tant qu’agressions violentes ont augmenté de 34 points par rapport à 2016, passant de 108 cas recensés à 145. Ce chiffre est le plus haut depuis les 121 cas enregistrés en 2009. La CST n’a pas noté de pics liés à des événements particuliers, tels que des actualités liées à Israël, ce qui lui fait craindre un problème plus sous-jacent : et si la société britannique était en train de devenir antisémite ?
Banalisation des propos antisémites dans la classe politique
Cette hypothèse est en partie confirmée par la multiplication du nombre d’incidents antisémites au sein du parti Travailliste (deuxième plus grand parti politique britannique, force majeure de la gauche au Royaume-Uni) depuis l’élection de son leader Jeremy Corbyn en septembre 2015. Les propos irrespectueux ou discriminants à l’égard de la communauté juive ne semblent plus être condamnés avec la même ferveur que par le passé, du moins en public.
Les discours de haine en perte de vitesse sur Internet
Cependant, une baisse du nombre d’incidents impliquant des réseaux sociaux laisse à penser que les grandes entreprises technologiques ont pris des mesures efficaces pour limiter les discours haineux d’une façon plus générale. La police semble également se montrer plus engagée dans la lutte contre les délinquants les plus prolifiques en terme de discours de haine sur Internet. « Nous avons le soutien de la police et du gouvernement mais les poursuites judiciaires doivent être plus visibles et fréquentes ; il y a trop de gens qui agissent d’une façon qui encourage l’antisémitisme et isole les Juifs » a déclaré David Delew, Directeur Général de CST. La solution, selon lui, consisterait donc à punir plus lourdement les responsables de ces délits.
Un problème plus large ?
Il est à noter que le nombre d’actes de violence raciste ou discriminante a augmenté au Royaume-Uni depuis l’annonce des résultats du référendum sur l’appartenance à l’Union Européenne de juin 2016 ainsi que des différentes attaques terroristes de 2017 – en effet, nous avions déjà reporté une augmentation du nombre d’agressions à caractères islamophobes en juillet 2017. A ce titre, c’est très certainement de ce climat généralement violent qu’il faudrait s’inquiéter plutôt que de procéder par religion ou par communauté. Reste à savoir si la répression judiciaire est la meilleure solution pour contrer le problème : elle est certes nécessaire et légitime pour faire respecter la loi, mais ne s’agit-il pas d’un problème plus sociétal ? Ne faudrait-il pas également réfléchir à de nouvelles initiatives pour promouvoir le vivre-ensemble et apaiser les tensions ?
Image : March Against Racism 2017 (London), By Tim Dennell, CC BY-NC 2.0