Un article paru dans la version en ligne du magazine Le Point-AFP parle d’une polémique concernant les élections municipales en Tunisie prévues le 6 mai 2018. A la surprise de beaucoup, le seul candidat juif – M Simon Slama – est présenté par le parti islamiste Ennahda dans la ville de Monastir.
Un choix qui s’explique par la volonté de changer l’image du parti
Le choix de ce candidt est doublement marquant. Premièrement, parce que les partis islamistes sont généralement considérés comme prônant la primauté de l’islam sur les autres religions et notamment sur le judaïsme, étant donné la relation entre la Palestine et Israël. Deuxièmement, parce que Monastir est la ville de Habib Bourguiba, premier président tunisien et l’un des symboles du « modernisme » prôné par leurs opposants.
Les raisons de ce choix pour le parti Ennahda sont en continuité avec leur volonté de paraitre comme un parti « normal ». Cette stratégie de dédiabolisation est portée depuis longtemps. Nous l’avions déjà constaté dans leur déclaration de vouloir séparer les fonctions de prédication et de politique lors de leur Xème congrès en mai 2016. Cependant, beaucoup accusent ce parti d’exploiter cette candidature pour masquer leur réel projet d’islamisation de la société.
Les discriminations à la participation politique des minorités demeurent en Tunisie
Pour le candidat Simon Slama et la communauté juive, ce coup de publicité, bien que controversé, leur donne la possibilité de mettre en avant et défendre leur « tunisianité » et l’importance de la solidarité entre les tunisiens de toutes confessions.
Cet épisode permet aussi à certains acteurs de la société civile de souligner les discriminations qui existent toujours en Tunisie concernant la participation politique de personnes issues des minorités religieuses. A titre d’exemple, l’article 74 de la Constitution de 2014 déclare que la candidature à la présidence de la République est un droit pour tout tunisien ou tunisienne « de confession musulmane ».