Le journaliste Thierry Brésillon revient sur la situation du parti Ennahdha un après son dixième congrès lors duquel les représentants du parti avaient annoncé la volonté de séparer les activités politiques de la prédication.
Le journaliste expose plusieurs constats. Tout d’abord, il souligne comment, bien que le parti ait fait le choix de la séparation, le référentiel religieux continue à être considéré en tant que source d’inspiration (selon les propos d’Ajmi Lourimi). Deuxièmement, il note que le rapprochement avec son ancien opposant Nidaa Tounes fait qu’Ennahdha soit l’objet d’accusations de la part de différents acteurs : pour ses rivaux politiques ce choix est vécu comme l’énième stratégie machiavélique du parti pour rester au pouvoir, tandis que pour les représentants d’autres mouvements religieux ce choix est perçu comme le renoncement de son identité islamique et la trahison de sa base. Troisièmement, l’auteur observe la subordination du parti Ennahdha aux personnalités et aux prises des décisions du Président de la République Béji Caïd Essebsi ainsi que de celles de son propre président Rached Ghannouchi, accusé par les membres de son parti de concentrer le pouvoir entre ses mains. Finalement, l’auteur s’interroge sur le lien entre la nébuleuse associative et le parti Ennahdha : va-t-il être coupé définitivement ? Un parti comme Ennahdha peut arriver à se forger une nouvelle identité politique sans s’appuyer sur la ressource religieuse ?
Thierry Brésillon conclue son article en soulignant le fait que l’actuel échec du parti Ennahdha n’est pas tant lié à son choix idéologique que à sa conduite politique. En effet, depuis son accès au gouvernement, ses représentants n’ont pas réussi à trouver les solutions adéquates aux vrais problèmes du pays tels que le chômage et la corruption.
Image : By Magharebia – Flickr: 07012011 Tunisia at a crossroads, CC BY 2.0