Le Directorat des Affaires religieuses (Diyanet) a annoncé le 7 novembre son intention de recruter une centaine d’imams syriens afin d’assurer des offices religieux auprès des Syriens résidant dans des camps de réfugiés en Turquie. Les imams auront notamment pour mission de répondre aux questions religieuses des réfugiés.
En parallèle, la Diyanet a également prévu d’organiser des voyages pour environ 500 enfants syriens afin de leur faire visiter des sites religieux, historiques et culturels turcs, notamment à Istanbul, Edirne, Şanlıurfa ou encore Diyarbakır.
Enfin, des conférences vont être tenues afin d’aider les réfugiés à se tenir éloignés des entreprises de malversation religieuse que pourraient essayer de conduire des groupes terroristes comme l’Etat islamique ou encore le mouvement Hizmet (appelé « FETÖ » par le gouvernement), que les autorités turques accusent d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
Une entreprise pour légitimer l’action militaire turque en Syrie
La Diyanet, dépendante du gouvernement turc, a mené au cours des derniers mois une politique active de soutien moral et religieux aux Syriens, qu’ils soient en Turquie ou en Syrie. En juin dernier par exemple, la Diyanet annonçait y avoir formé 467 imams syriens et y avoir réparé 60 mosquées. Cette politique s’inscrit dans celle, plus large, de légitimation de la présence turque dans le Nord de la Syrie.
En effet, l’opération « Bouclier de l’Euphrate », lancée en août 2016, avait permis de déloger l’Etat islamique de grandes villes syriennes comme Jarablus, Al Bab, Azaz, ou encore Al Rai ; cette opération avait également permis aux Turcs d’empêcher la création d’une grande région kurde au Nord de la Syrie, en isolant le canton d’Afrin à l’Ouest des autres cantons, notamment celui de Kobané à l’Est de la zone contrôlée par les Turcs. Ces derniers ont confié le contrôle des territoires libérés à l’Armée syrienne libre, qui reste toutefois étroitement supervisée par la Turquie.
Aider les Syriens en Turquie et en Syrie permet ainsi à la Turquie de légitimer sa présence dans le Nord du pays, en la rendant notamment plus acceptable. De plus, cela permet d’améliorer l’image de la Turquie auprès des Syriens, 75% des réfugiés syriens présents sur le sol turc souhaitant y rester [source de l’information dans la rubrique « Infos complémentaires », cf. infra].
235 000 réfugiés résident actuellement en Turquie, dont environ 228 000 Syriens et 7 000 Irakiens, dans les provinces méridionales et orientales de Hatay, Gaziantep, Şanlıurfa, Kilis, Mardin, Kahramanmaraş, Osmaniye, Adıyaman, Adana et Malatya.
Image : Une mosquée stambouliote. Par Max Pixel, Pixabay, CC0 Public Domain