Le Pew Research Center, un think-tank américain réputé pour ses travaux statistiques sur de nombreuses questions sociologiques, a publié son rapport annuel sur les restrictions religieuses et les violences sociales à l’encontre des religions à travers le monde ; celui-ci montre qu’en 2015, pour la première fois en trois ans, la liberté religieuse a diminué dans la plupart des pays. Le think-tank identifie trois causes principales expliquant cette intolérance croissante : l’afflux de réfugiés en Europe, la montée en puissance du terrorisme revendiqué comme « religieux », et la multipolarisation du monde.
Cette étude distingue deux types d’atteintes à la liberté religieuse :
– les restrictions gouvernementales, c’est-à-dire les mesures mises en place par les autorités politiques et qui nuisent à l’expression de la pluralité religieuse (non-reconnaissance des alévis dans la Constitution turque par exemple, là où les musulmans sunnites et les juifs y figurent)
– les violences sociales contre des religions, c’est-à-dire les mobilisations, spontanées ou non, émanant de la société civile à l’encontre de certaines religions, sans que les autorités politiques n’y soient à l’origine (profanation de cimetières musulmans ou de mosquées en Europe par exemple).
La Turquie figure depuis 2014 parmi les 23 pays, sur 198, dont les atteintes contre certaines religions sont considérées comme étant « très importantes ». Toutefois, le Pew Research Center relève une légère amélioration de la situation. Il en va de même pour les violences sociales, pour lesquelles le think-tank note une légère baisse, bien qu’il maintienne le classement de la Turquie dans la catégorie des pays où les violences sont « importantes ».
Ce classement montre que, si une certaine « islamisation » de la Turquie semble avoir lieu, elle ne se fait pas au détriment des autres religions présentes dans le pays – ou, en tous cas, pas davantage qu’avant.
Image : Mosque in Turkey