Le 22 janvier 2018, le Patriarcat arménien de Turquie a publié sur son site Internet une prière qui démontre le soutien des Eglises arméniennes de Turquie à l’opération militaire menée à Afrin.
Dans sa publication, le Patriarcat souhaite « plein succès aux forces armées turques dans leur opération ‘Rameau d’Olivier’ », qui a commencé le 20 janvier à Afrin, au nord de la Syrie, et prie pour « la fin des activités terroristes et l’établissement dans la région de la paix, du bon sens et du calme, dont l’humanité tout entière a grand besoin ». Le message de Patriarcat souligne que les Eglises arméniennes de Turquie vont continuer de prier lors des cérémonies religieuses pour l’unité de pays et de la nation.
Opération Rameau d’Olivier
L’opération militaire « Rameau d’Olivier » a commencé le 20 Janvier 2018, après plusieurs attaques armées dans des villes turques (notamment Kilis et Hatay) venues depuis la frontière syrienne. La Turquie a décidé de protéger ses frontières en intervenant en Syrie, par les airs et au sol, afin de déloger les miliciens kurdes des YPG (Unités de protection du peuple, branche armée du Parti de l’Union démocratique syrien), considérés par Ankara comme des terroristes en raison de leurs connexions au PKK turc (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Afrin est une ville historiquement composée de Turkmènes, de Kurdes et d’Arabes. Depuis quelques années, elle est sous contrôle des YPG et connaît la présence de l’armée américaine.
La Turquie a été frappée par nombreuses attaques terroristes commises par le PKK, qui ont tué 307 civils et 582 membres des forces de sécurité entre le 20 juillet 2015 et 19 juillet 2016, après le cessez-le-feu signé en 2012. Depuis 1984, le conflit entre le PKK et le gouvernement turc a fait plus de 35 000 morts.
Un soutien important pour l’armée turque
Au début de l’opération Rameau d’Olivier, le premier ministre turc, Binali Yıldırım, avait réuni les journalistes –même les opposants – pour annoncer l’importance de cette opération qui visera seulement les organisations considérées terroristes : PKK, KCK (une émanation du PKK) PYD-YPG (parti et milice kurdes syriens) et Daech. Yıldırım avait également souligné que « cette opération n’est pas contre nos frères kurdes mais contre les groupes terroristes ». Il avait demandé aux médias de communiquer en ce sens. Depuis, les Turcs semblent s’accorder sur la légitimité de cette opération, malgré quelques affirmations pacifistes.
Les minorités derrière l’armée
Le Patriarcat arménien, une institution très ancienne et historique, qui représente toutes les églises arméniennes de Turquie, existent depuis 1461. Son soutien est avant tout un soutien moral aux soldats, surtout pour les membres de l’Eglise arménienne. Il faut noter que le service militaire est obligatoire en Turquie pour les hommes, sans distinction de religion ou d’origine.
Après cette publication du Patriarcat arménien, l’association des juifs en Turquie a également donné son soutien par un tweet, dans des termes similaires : «Notre communauté souhaite plein succès aux forces armées turques dans leur opération « Rameau d’olivier » et espère que le bon sens, la paix, la coopération efficace et le calme vont s’instaurer dans notre région et dans le monde entier ». Les Arméniens et les Juifs ont le statut de « minorité » défini par le traité de Lausanne, signé en 1923, contrairement aux Kurdes. Partant de ce constat et de cette définition restrictive des minorités, on peut dire que la défense des territoires turcs et la protection des civils contre les attaques terroristes est un sujet qui rassemble les minorités de la Turquie.
Image : The building of the patriarchate in Istanbul, By Vmenkov – Own work, CC BY-SA 3.0