Après sa libération inattendue de prison, la célèbre dissidente et blogueuse vietnamienne Mẹ Nấm (« Madame Champignon » en français) est arrivée aux États-Unis le 18 octobre 2018, avec ses deux jeunes enfants et sa mère.
Emprisonnée pour diffamation contre le gouvernement communiste du pays, Nguyễn Ngọc Như Quỳnh a été discrètement libérée le 17 octobre d’une prison vietnamienne et mise dans un avion à destination de l’aéroport intercontinental George-Bush de Houston, au Texas. Sa sortie après deux ans d’emprisonnement a coïncidé avec la visite du secrétaire général américain à la Défense, le général James Mattis, qui s’est rendu au Vietnam dans le but de renforcer les liens entre les anciens pays ennemis. Cependant, ni le Pentagone ni le gouvernement vietnamien n’a fait de commentaire sur le sujet.
Mẹ Nấm, militante engagée pour les droits de l’Homme et l’environnement
Nguyễn Ngọc Như Quỳnh a beaucoup écrit sur les droits de l’Homme et la pollution industrielle avant son arrestation en octobre 2016 lors d’une visite à un autre activiste en prison. Elle a par la suite été reconnue coupable de « propagande contre l’État » et condamnée à 10 ans d’emprisonnement pour avoir publié sur Facebook des articles condamnant des morts en garde à vue, un déversement toxique dans le centre du Vietnam et des critiques du parti communiste au pouvoir. Cette décision a rapidement provoqué une réprimande des États-Unis, de l’Union Européenne et des Nations-unies.
L’organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International, s’est réjouie de l’annonce de sa libération. Nicholas Bequelin, directeur régional d’Amnesty International pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est, a déclaré que cette libération « devrait également rappeler que le Vietnam continue d’incarcérer de plus en plus d’individus qui critiquent le régime […] Bien que Mother Mushroom n’est plus en prison, la condition de sa libération a été l’exil, et plus d’une centaine de personnes croupissent en prison pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion – en public, sur des blogs ou sur Facebook. »
La blogueuse ne croit malheureusement pas que sa libération, ou la libération en juin de l’avocat des droits de l’Homme vietnamien Nguyễn Văn Đài, n’annonce un changement dans la politique vietnamienne à l’égard des prisonniers politiques. Bien qu’il lui a été difficile de partir, elle a promis de « ne jamais garder le silence » dans son combat pour la défense des droits humains dans son pays d’origine : « Je continuerai à faire entendre ma voix jusqu’à ce qu’il y ait des droits de l’Homme au Vietnam, de véritables droits de l’Homme », a-t-elle déclaré. Nguyễn Ngọc Như Quỳnh fait partie des dizaines de blogueurs et de militants arrêtés dans le cadre de la répression de la dissidence par le gouvernement vietnamien, au cours des deux dernières années.
Image : By U.S. Department of State [Public domain], via Wikimedia Commons