Baromètre du pluralisme culturel et religieux à Roubaix

Le Baromètre du pluralisme culturel et religieux est un instrument capable d’évaluer et de rendre compte du niveau des tensions identitaires au sein d’une société. Ce faisant, il donne des indications sur la capacité de celle-ci à absorber des chocs, endogènes ou exogènes, pour préserver le bien commun. Il consiste en une méthodologie innovante et réplicable conçue par l’Observatoire Pharos et ses partenaires de recherche internationaux. Il permet d’analyser les dynamiques culturelles et religieuses dans les différentes sphères sociales, en tenant compte à la fois des faits, des perceptions et des opinions.

Les études réalisées à partir de la méthodologie du Baromètre du pluralisme reposent sur vingt critères paramétrés et contextualisés, répartis en trois dimensions et neuf sous-dimensions, qui forment une grille d’évaluation.

1. Le pluralisme culturel et religieux et la fraternité au SCCF : une expérience d’exception à valoriser

Ce qui ressort de cette étude de façon forte, c’est une certaine réussite du projet pluraliste du SCCF. Le centre d’accueil du quartier de l’Epeule à Roubaix représente un lieu d’exception dans lequel se rencontrent, interagissent et s’enrichissent mutuellement des personnes de cultures et de religions diverses.

2. La place du religieux et du spirituel au SCCF : un décalage entre la vision nationale et la réalité dans le lieu d’accueil

L’enquête a fait ressortir un décalage entre la vision nationale du SCCF, dont le projet national 2016-2025 exprime la volonté de prendre en compte l’épanouissement spirituel de chacun, et les attentes de certains enquêtés à ce sujet. Le projet national met l’accent sur les rencontres interculturelles et interreligieuses et place la dimension spirituelle au cœur des actions de l’organisation. La référence au religieux est omniprésente dans les valeurs autour desquelles gravite le lieu. Pourtant, 20 % des enquêtés ne considèrent pas approprié d’y exprimer ou d’y pratiquer leur foi. Si l’appartenance à une religion est acceptée, l’expression ou la pratique de la foi au sein du lieu d’accueil sont considérées par certains avec méfiance.

3. Quelques freins au dialogue profond au sein SCCF

Si le lieu d’accueil de l’Epeule est pluriel et que le contact entre personnes de cultures et de religions différentes y est permanent, les interactions et les échanges ne s’inscrivent pas en profondeur. Les discours des enquêtés indiquent que les dialogues se limitent aux aspects quotidiens, visibles ou élémentaires de la culture ou de la religion de l’Autre : on n’approfondit pas la compréhension de la foi, on cherche peu à comprendre les raisons de telle ou telle pratique.

4. Un lieu aux règles implicites, un point de vigilance pour le long terme

Le SCCF a édicté différents règlements pour organiser la vie des lieux d’accueil. L’étude révèle néanmoins que ceux-ci sont plus ou moins connus par les bénévoles, et que la plupart des personnes accueillies n’en ont jamais entendu parler. D’après les enquêtés, le SCCF est régulé par des « règles implicites », une « manière de vivre » partagée plus que par des règles écrites.

5. Des points de tensions interculturelles et interreligieuses qui nourrissent les ressentiments personnels et les méfiances

Bien que rares, quelques facteurs de tensions et de conflits au sein du lieu d’accueil sont apparus dans le cadre de l’enquête. Certains relèvent du fonctionnement de la structure, mais on leur attribue un aspect culturel. D’autres sont directement liés à des questions de religion et de culture. Certains conflits semblent mêler les deux. Ces tensions éclatent rarement, mais apparaissent dans les enquêtes comme des ressentiments personnels forts.

D’autres rapports sont produits régulièrement avec la méthodologie du Baromètre du pluralisme culturel et religieux.