Avec des points d’ancrage à Jos et à Kaduna à travers nos partenaires locaux, nous nous intéressons au violent conflit régional entre éleveurs et paysans, au développement de l’extrémisme religieux, à l’action dévastatrice de Boko Haram, et surtout aux nombreuses initiatives qui émergent pour combattre ces maux et encourager cette société plurale à devenir pluraliste, notamment en renforçant la notion de citoyenneté et en promouvant la règle de droit.
À travers une veille quotidienne et une étude collaborative de repérage des enjeux et des acteurs du pluralisme au Nigeria, nous proposons une compréhension de la situation que prolonge une réflexion prospective. Sur place, en étroite collaboration avec nos partenaires, nous apportons un soutien matériel et financier à plus d’une dizaine d’acteurs du pluralisme et participons à leur formation ainsi qu’au renforcement de leurs capacités de mobilisation.
En 2018, l’Observatoire Pharos finance et accompagne trois micro-projets dans le nord du pays.
Impliquer les jeunes dans la réconciliation post-conflit
Dans l’Etat du Plateau qui a été la scène de conflits violents entre éleveurs et agriculteurs, Youth Initiative Against Violence and Human Rights Abuse (YIAVHA) travaille à instaurer et à renforcer la confiance entre jeunes Peuls et Biroms, et à favoriser le retour des déplacés internes. Nous finançons et accompagnons cette jeune organisation dans son projet de former des jeunes à la médiation et à l’éducation civique. YIAVHA met au coeur de son action la reconnaissance et l’accompagnement des victimes de traumatismes pour donner aux communautés les meilleurs outils de résilience.
Travailler à l’intégration sociale des personnes atteintes de la lèpre
A quelques kilomètres au sud de Sokoto se trouve la léproserie d’Amanawa. Victimes de stigmatisation, les personnes atteintes de la lèpre qui y trouvent refuge ont formé une communauté. Le projet conjoint de Helping Hands and Grass Root Support Foundation (HHGSF) et Give Care to Young Lives vise à briser le cercle vicieux de la pauvreté et du non-accès aux soins. Ils améliorent l’accès aux soins et à l’hygiène, favorisent l’éducation des enfants et soutiennent les adultes dans le développement d’activités générant un revenu dans l’agriculture, l’élevage, la couture, le tricot ou encore la vulcanisation, en les aidant à développer leurs compétences entrepreneuriales et à constituer un capital de départ. Ils accompagnent les personnes atteintes de la lèpre dans leur participation à la vie publique et luttent contre les croyances traditionnelles selon lesquelles la lèpre est une punition divine.
Renforcer la coopération interculturelle entre communautés hôtes et Peuls à travers le dialogue
L’organisation Society for the Rights of the Exluded and Disempowered (SOREX) mène un projet d’amélioration de la compréhension interculturelle entre communautés hôtes et Peuls nomades dans l’Etat de Nasarawa. SOREX organise des rencontres interculturelles ayant pour but de casser les stéréotypes négatifs, de construire des liens autour des besoins communs, et d’explorer de potentielles collaborations. Le projet compte aussi une action conjointe en faveur du développement durable ainsi que la tenue de forums de dialogue interculturel réguliers visant à analyser et faire le point sur les divers conflits émergents et travailler ensemble à leur résolution.
Petite histoire de l’Interfaith Mediation Centre :
Voici une dizaine d’années, l’imam Muhammad Ashafa et le pasteur James Wuye, deux leaders religieux de Kaduna, étaient des ennemis mortels. Aujourd’hui, ils travaillent ensemble pour aider des milices armées comme des leaders religieux à résoudre leurs conflits pacifiquement.
En 1992, un violent conflit confessionnel éclate dans l’Etat de Kaduna, opposant chrétiens et musulmans. Des familles entières sont attaquées et les cultures sont détruites. L’imam et le pasteur sont entraînés dans le conflit et payent tous les deux le lourd tribut de leur participation : l’imam Ashafa perd deux frères et le pasteur James est amputé d’une main. En eux monte un immense désir de revanche.
Un ami commun les supplie cependant « tous les deux ensemble vous pouvez rassembler cet Etat, ou vous pouvez le détruire. Faites quelque chose ! ». C’est à contrecœur que les deux hommes acceptent de se rencontrer. De cette rencontre va naître un respect mutuel entre les deux hommes, respect qui se consolidera avec le temps, et qui les mènera à travailler ensemble pour construire des ponts entre leurs communautés.
En 1995, Ashafa et Wuye fondent l’Interfaith Mediation Centre, une organisation interreligieuse qui prend alors en charge une médiation entre chrétiens et musulmans au Nigeria, puis au Tchad, au Kenya et au Soudan à travers une aventure d’une formidable richesse humaine. Leur organisation, qui compte aujourd’hui plus de 20 000 membres, atteint les milices et forme la jeunesse du pays, de même que les femmes, les leaders religieux, les chefs traditionnels et tribaux à devenir des militants pour la paix. Sous leur direction, les jeunes chrétiens et musulmans reconstruisent ensemble les mosquées et les églises détruites par le passé, pour engager les membres de chaque communauté à coexister dans la paix et à travailler ensemble.
Pour en savoir plus, l’histoire d’Ashafa et de Wuye est racontée dans le documentaire « l’Imam et le Pasteur », produit par FLT Films.
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